La RE 2020 et l’impact carbone

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Les fondamentaux de l’impact carbone selon la RE 2020

C’est LA principale nouveauté de la RE 2020 : l’impact carbone . C’est évidemment un sujet majeur dans l’objectif de neutralité carbone 2050 fixé par le gouvernement… Et il est enfin incorporé à la réglementation, qui s’appliquera aux permis de construire déposés après le 1er janvier 2022.

Son principe général est plutôt simple. Il s’agit de calculer l’équivalent de poids carbone par mètre carré de surface habitable (la nouvelle surface de référence) de la maison, sur une durée de vie de 50 ans. Pour cela, on se base sur différentes contributions – matériaux, énergies, chantier… – et sur les données de

Du point de vue environnemental, c’est plutôt une bonne nouvelle. En effet, la consommation énergétique des bâtiments représente plus de 40% des énergies consommées par notre pays. Il est donc important à la fois de diminuer les déperditions énergétiques (travail sur le Bbio), de diminuer les consommations d’énergie (travail sur le Cep) et de diminuer les émissions de CO2 dans l’atmosphère (théoriquement, travail sur l’impact carbone). En outre, le bâtiment a depuis plusieurs dizaines d’années largement puisé dans les ressources fossiles, par exemple pour certains isolants (polystyrène, mousse polyuréthane). D’autres matériaux de construction très courants, le ciment notamment, nécessite une production très consommatrice d’énergie. Enfin, les chantiers sont souvent générateurs d’une grande quantité de déchets, difficilement recyclables. Un grand effort reste donc à faire.

 

Beaucoup d’indicateurs, mais peu de vraies contraintes réglementaires

 

Dans le détail, l’impact carbone RE 2020 se fonde sur 5 contributeurs : les composants, l’énergie, l’eau, le chantier et la parcelle. Chacune de ces contributions génère des impacts environnementaux à différentes phases de la vie du bâtiment. On distingue notamment la production des matériaux, la construction, l’exploitation et la fin de vie du bâtiment.

 Dans la méthode de la RE 2020, le principe de calcul de l’impact carbone est le suivant : Quantité x Facteur d’adaptation au bâtiment (renouvellement lié à la durée de vie) x Impact Carbone produit (émissions de Gaz à Effet de Serre – Acidification – Destruction de la couche d’ozone – …) = Impact environnemental résultant.

Ces impacts se traduisent par de nombreux indicateurs. L’impact carbone du bâtiment, l’impact carbone de l’énergie utilisée dans le bâtiment par an ou par occupant, l’impact carbone de la parcelle, l’impact carbone du projet, le stockage carbone… Mais seuls l’impact carbone de l’énergie utilisée dans le bâtiment Ic(énergie) et l’impact carbone des composants du bâtiment Ic(composants) font l’objet de seuil réglementaire à respecter. Les autres indicateurs n’ont ainsi qu’un rôle pédagogique.

 

Maison bas carbone

Une maison de conception bioclimatique, à ossature et bardage bois…  Comment en évaluer précisément et impartialement l’impact carbone ?

 

Caractériser les composants, la grande urgence du moment

 

Pour être pertinents, ces calculs d’impacts doivent se fonder sur des données précises et normalisées. Ces données doivent caractériser de manière précise les matériaux et systèmes mis en œuvre dans la maison. Il revient aux industriels et aux fabricants de ces produits de fournir ces données.

Pour les produits de construction, ces données sont réunies dans les FDES (Fiches de Déclaration Environnementale et Sanitaire). Pour les systèmes, dans les PEP (Profil Environnemental Produit). Dans les deux cas, elles sont établies soit par un industriel, soit par un syndicat ou un groupement d’industriels. La base INIES rassemble toutes ces informations.

De ces fiches de structure assez complexe, on retiendra trois notions importantes :

  • L’unité fonctionnelle (UF), c’est-à-dire la définition de la fonction du produit,
  • La durée de vie de référence (DVR)
  • L’indicateur de réchauffement climatique, c’est-à-dire le poids carbone par unité fonctionnelle.

Ce sont principalement ces données qui rentreront dans le calcul de l’impact carbone des projets.

En l’absence de FDES / PEP ou de descriptif précis, on peut utiliser des valeurs forfaitaires, données par les DED (Données Environnementales par Défaut). Cette possibilité s’ouvre uniquement pour certains lots (génération de chauffage /refroidissement, électricité, télécom). D’importantes variations existent entre ces valeurs forfaitaires et les données réelles des produits. En effet, les valeurs forfaitaires ont une vision “pessimiste” ou “maximaliste” des produits et ne tiennent pas forcément compte des optimisations des industriels.

Si les grands groupes industriels ont pu anticiper la production de données normalisées sur leurs produits, il reste encore beaucoup de travail pour les acteurs plus mineurs. L’élaboration de ces documents est assez coûteuse en temps et en ressources, autant qu’elle devient indispensable pour commercialiser ses produits.

 

L’impact Carbone de la RE 2020 : une réelle ambition… qui risque de tomber un peu à plat

 

Les enjeux de la RE 2020 sur la question du carbone sont clairs et la méthode d’évaluation l’est aussi. Problème, ce critère est très nouveau et fait trembler beaucoup de constructeurs et d’industriels, chez qui il n’est culturellement pas intégré. Les nombreuses négociations autour de la RE2020 auront eu pour effet de nettement faire reculer les ambitions de l’expérience E+C-.

Tant et si bien qu’à ce jour, les seuils fixés ne sont pas très contraignants. En tout cas, l’impact carbone ne sera pas le critère qui sera le plus dimensionnant dans les nouveautés de la RE 2020, mais plutôt le rehaussement de l’exigence du Bbio. Pour le dire très clairement : une maison en parpaing, isolée avec du polystyrène et avec des menuiseries PVC, pourra avoir un impact carbone conforme à la RE2020 à son entrée en vigueur.

 

Par ailleurs, une fois le calcul fait, l’impact carbone des composants peut être assez déstabilisant. L’un des postes les plus importants est le système de production de chaleur (qui peut représenter autour d’1/6e de l’équivalent CO2 total). De même, les équipements électriques, si on les comptabilise à partir de la valeur forfaitaire (également autour d’1/6e du poids carbone). Différents équipements, tels les volets roulants PVC ou le carrelage, peuvent aussi avoir un impact carbone important, parfois plus que les ouvrages maçonnés ou les isolants par exemple. Il peut donc être plus judicieux, du point de vue du calcul de la RE2020, de remplacer un carrelage par sol PVC, que troquer une mousse polyuréthane par une laine de bois… Cette gymnastique se révèle parfois contre-intuitive – pour ne pas dire qu’elle semble manquer de bon sens.

Toutefois, les seuils de la RE 2020 devraient évoluer tous les trois ans, pour être de plus en plus restrictifs. Prochaine échéance en 2025, où un effort plus conséquent devra probablement être fait. Espérons donc que les habitudes des différentes filières évolueront rapidement vers des usages plus vertueux et conscients de l’urgence environnementale.