De la RT 2012 à la RE 2020 dans la maison individuelle

Attendue par les uns, redoutée par d’autres, la RE 2020 s’imposera bientôt pour les nouvelles constructions, notamment les maisons individuelles. Son enjeu principal est de porter la performance environnementale bâtiments neufs à la hauteur des objectifs de neutralité carbone 2050. Fruit de l’expérimentation E+C- lancée en 2016, la RE 2020 dans la maison individuelle devrait entrer en vigueur pour les permis de construire déposés à partir de janvier 2022. Mais qu’est-ce qui la différencie de sa grande sœur, la RT 2012, devenue inadaptée aux enjeux actuels ?

 

Une Réglementation Environnementale, plus seulement Thermique 

 

Premier constat : on parle aujourd’hui de RE (Règlementation Environnementale) et non plus de RT (pour Règlementation Thermique). Derrière ce choix sémantique se profile une approche multicritère, ou en tout cas plus complète, de la conception durable que ne la proposait la RT 2012. En effet, la RE 2020 – et c’est là sa principale nouveauté – s’intéresse au bilan carbone et à l’analyse du cycle de vie des bâtiments. La RT 2012 se focalisait quant à elle à la composante thermique seule, qui se trouve par ailleurs aujourd’hui renforcée dans la RE 2020 dans la maison individuelle.

Pour ce faire, la RE 2020 fait appel à une surface unique, la surface habitable, là où la RT 2012 mobilisait une surface RT spécifique. Le calcul des déperditions ou des consommations d’énergie s’en trouvent ainsi moins « dilués ».

 

La part belle au confort d’été de la maison individuelle

 

Autre évolution significative : la meilleure intégration du confort d’été. Cela se traduit par l’abandon du peu pertinent critère de Température Intérieure Conventionnel (Tic) de la RT 2012, au profit d’un nouvel indicateur : le Degré Heure d’inconfort (DH). Cette donnée désigne le nombre d’heures annuelles où la température intérieure dépasse 26°C multiplié par le nombre de degrés au-dessus de 26°. Physiquement plus sensible, elle est calculée à partir d’une simulation dynamique. Il est intéressant de noter que ce paramètre évalue directement l’inconfort.

Par ailleurs, le moteur de calcul de la RE 2020 fera appel à un fichier météo mis à jour. Ces données reflètent davantage l’amplitude des températures telles que nous les vivons aujourd’hui sur le territoire français.

Enfin, la prise en compte de la climatisation devient généralisée, par le biais d’un forfait appliqué à tous les projets. Contraignante, cette mesure met toutefois fin à certains abus. En effet, dans la RT 2012, la climatisation n’est prise en compte que lorsqu’un système est effectivement installé à la réception des travaux… Ce qui n’empêche personne de mettre en œuvre un climatiseur ensuite.

Maison bois RE 2020

Une maison à ossature bois ARTECK qui anticipe la RE 2020 (gain Bbio + 32%)

Un coup de neuf sur les critères de la RT 2012

 

Indicateurs-clefs de la RT 2012, le Bbio et le Cep survivent à cette nouvelle réglementation, mais non sans évolution. Le Bbio (pour Besoin Bioclimatique) ne change pas fondamentalement de définition. Il permet toujours d’évaluer les besoins en chauffage, refroidissement et éclairage d’un bâtiment. Pour cela, il se base sur la performance de l’enveloppe de l’édifice – ou plutôt sur la somme de ses déperditions. A ce jour, les seuils réglementaires de la RE 2020 dans la maison individuelle pour le Bbio sont encore en cours de définition, mais on estime qu’ils seront baissés en moyenne de 30% par rapport à la RT 2012 Ce qui demandera nécessairement un ajustement en profondeur des techniques de construction, pour amoindrir significativement les déperditions thermiques.

Le Coefficient d’Energie Primaire (Cep) évolue lui aussi, ou plutôt se décline en deux versions : le Cep et le Cepnr. Ce dernier coefficient qualifie l’énergie primaire Non Renouvelable, par opposition au Cep qui ne distingue pas l’origine de l’énergie. Là encore, les seuils sont soumis à évolution mais la tendance est d’avoir un Cep plus bas, donc plus contraignant, que dans la RT 2012. Le seuil du Cepnr est encore plus bas, et c’est probablement lui qui sera le plus dimensionnant dans les projets.

 

La RE 2020 : une remise en cause impérative des habitudes

 

La RE 2020 accuse déjà plusieurs mois de retard dans sa mise en application, mais elle est maintenant presque prête. Même si elle est d’ores et déjà moins ambitieuse que pouvait le faire pressentir le label E+C-, elle fait beaucoup polémique chez les constructeurs et industriels du bâtiment. Elle marque une véritable avancée dans les exigences environnementales, qui remettent forcément en question les usages actuels. Certains modes constructifs se verront privilégiés, comme l’ossature bois. L’emploi de matériaux biosourcés sera enfin mis en valeur, même si les méthodes de calcul de bilan carbone sont sujettes à caution. Quoi qu’il en soit, les années à venir seront cruciales pour les acteurs du bâtiment, qui devront faire un nécessaire bond en avant vers la responsabilité environnementale.