La maison bois en kit, entre risques et promesses

Publié le

La maison bois en kit : une promesse d’économie et de liberté

Pourquoi s’intéresser à la maison bois en kit et à l’auto-construction ? Tout d’abord, pour l’économie apparente que représente ce mode de construction par rapport à une maison conçue par un constructeur ou un architecte. De quoi souvent attirer les petits budgets… Par ailleurs, et très simplement, par attrait du bricolage ! L’idée de fabriquer sa maison de ses propres mains est très séduisante et gratifiante.

Mais malgré les nombreuses offres disponibles, la maison en kit peine à se démocratiser. Nous vous proposons, dans cet article, une analyse des problématiques soulevées par cette manière de construire.

 

L’adaptation au terrain et aux règles d’urbanisme

L’orientation du terrain, la pente naturelle, les vues, la qualité des sols sont autant de paramètres qui nécessitent une conception adaptée. Un modèle de maison en kit peut avoir des difficultés à s’insérer sur un terrain complexe… Et toute adaptation fait mécaniquement augmenter le prix.

En outre, selon les régions et les communes, les règles d’urbanisme peuvent contraindre les projets à certaines volumétries, matériaux, pentes de toitures, etc. Dans certains cas, la construction d’une maison bois en kit peut s’avérer impossible vis-à-vis de ces règles.

 

La maison de vos rêves… dans la limite de ce que permet le modèle

C’est le principal souci des modèles de maison « prêts à construire ». La marge de manœuvre pour adapter le plan et les volumes est en réalité très fine voire inexistante. Le plan est bien souvent figé par les contraintes techniques et économiques du constructeur. La liberté de conception est donc bien limitée, malgré les discours commerciaux parfois trompeurs.

 

Réglementation thermique, performance et confort

Additionné au coût de construction, il ne faut pas oublier les frais que la maison va engendrer sur le long terme. Les factures de chauffage et de l’électricité dépendent évidemment de la performance de la maison. Par ailleurs, la règlementation thermique impose des critères précis sur l’enveloppe et les systèmes de production de chaleur des maisons. Prochainement renforcée (RE 2020), elle s’intéressera également davantage au confort d’été et au bilan carbone.

Il peut s’avérer difficile, avec une maison en kit, d’atteindre le niveau de performances requis par cette réglementation. De manière isolée, certains composants peuvent être « RT compatibles », mais c’est l’ensemble de la maison qui est évalué. Par exemple, une résistance thermique R de 5 ou 6 pour un mur ne peut absolument pas garantir la conformité, ni le confort d’une maison. En particulier, le test d’étanchéité à l’air, obligatoire en fin de chantier, révèle les moindres défauts de l’enveloppe. S’il n’est pas conforme, lourdes et complexes sont les démarches à entreprendre pour corriger ces défauts.

Au-delà des questions de réglementations, vient l’essentielle notion de confort. Une isolation ou une protection solaire mal maîtrisée peut générer d’importantes nuisances aux habitants. Le plus souvent, les solutions de maisons en kit sont fragmentaires et ne concernent qu’une partie de l’enveloppe, éventuellement isolée. Elles ne peuvent donc pas, à elles seules, répondre aux besoins techniques de la maison dans son ensemble.

Charpentier maison

Un charpentier en cours de travail sur un plancher bois

 

Le petit budget qui cache de gros imprévus

Souvent parées d’un prix d’appel attractif, les propositions de maison en kit doivent être prises avec précaution. Les frais liés aux terrassements, aux fondations, à la création des réseaux, aux corps d’état techniques et aux finitions sont à ajouter au budget, de préférence aussi tôt et précisément que possible…

En revanche, en faisant appel à un constructeur – ou, dans une moindre mesure, à un architecte – le budget global est rapidement précis et défini par rapport à vos exigences. Dans le cas du constructeur sous contrat de CMI, le prix final sera garanti dès la signature.

A moins d’être particulièrement éclairé et prévenant, la maison en kit auto-construire peut générer dérapages budgétaires. Pour éviter les dépenses imprévues et les estimations erronées, le caractère partiel de l’offre initiale doit donc être appréhendé sérieusement.

 

Qualité des travaux et garanties

La qualité finale de la maison en kit dépendra, naturellement, du soin et de la compétence apportée par celui qui la construit. Dans le cas d’auto-construction réalisée par un non-professionnel, le risque d’erreur ou de malfaçon est réel. Il existe également, bien entendu, lorsque les travaux sont réalisés par un professionnel. Mais dans ce cas, ils sont couverts par l’assurance en responsabilité décennale de l’entrepreneur.

Par ailleurs, la maison en kit ne permet généralement pas l’obtention d’une assurance dommages-ouvrages, pourtant obligatoire. Utile en cas de dommages subis dans les dix premières années, elle est aussi une manière de valoriser la maison en cas de revente.

 

 

Construire en bois : pas d’improvisation !

Bien au-delà de l’aspect ludique du « lego » prêt à assembler de la maison bois en kit, de nombreux paramètres sont à prendre en compte pour assurer un projet viable. Très intéressant du point de vue industriel, ce mode de construction semble davantage approprié à l’abri de jardin où au cabanon de week-end, qu’à une résidence principale.

Les métiers liés à la charpente et à la menuiserie, sont hautement techniques et qualifiés. L’isolation thermique, phonique, l’étanchéité à l’air et à l’eau, sont autant de points délicats à traiter avec précision pour obtenir une maison confortable.

Les offres commerciales séduisantes masquent souvent une réalité complexe ! Une maison est un projet important, qui mérite – sans être catastrophiste – prudence et anticipation. Dans tous les cas, il est pertinent de comparer les offres et de prendre conseil auprès de différents professionnels !